Thomas Tabti est un coach atypique : polyglotte, globe trotter, il voyage au moins 3 mois par an, se lève à 7 h, enchaîne jusqu'à 22 heures ses coachings, ses entrainements et sa nourriture home made. Et puis, il pense. A ce qu'il fait, au sens qu'il met dans sa pratique sportive et celle de ses élèves. Et ça, on aime. Fondateur du très prochain site www.gourmetfit.fr (miam, ça sent déjà bon !), nous l'avons rencontré, entre deux sessions d'entrainement au HealthCity des Champs-Elysées.
1. Ta vie, ton oeuvre ?
Ah oui, carrément ? J'étais un enfant et ado très sportif : équitation, gymnastique, parkour... C'est naturellement que je me suis tourné vers le coaching en passant d'abord une licence de STAPS et sur ma dernière année, un brevet d'état brevet professionnel de la jeunesse, de l'éducation populaire et du sport (BPJEPS). Ensuite, j'ai fait mes premiers coachings à l'Usine, avant de faire le tour du monde avec ma femme pendant 8 mois et de revenir à Paris. Je forme également les prochaines générations de coachs à la Lepanse Academy.
2. Qu'est-ce qui t'a amené au coaching ?
Ça s'est imposé à moi. Le sport a toujours été une passion. Pour tout te dire, j'étais hyperactif quand j'étais petit. J'ai donc dû canaliser mon énergie. J'avais le « complexe de Sangoku », lequel s'entraînait en salle de gravité pour devenir plus fort. J'ai toujours voulu être un super-héros, à la Jackie Chan ou Spiderman. Je devais donc m'entrainer dans le but d'être très complet (plus fort, plus rapide, plus explosif) pour faire face à tous les aléas de la vie. Ayant fait de la gym, je me suis donc rapproché du parkour afin d'élargir mon terrain de jeu, ensuite j'ai commencé l'entrainement en salle afin de mieux me préparer physiquement. Ce qui m'anime, c'est d'étudier, d'analyser, de comprendre pourquoi et comment différentes pratiques peuvent être complémentaires, et bien sûr, de pouvoir le transmettre. Il y a une donc je pense une part d'innée dans le coaching. Ou t'as le truc pour expliquer aux gens, ou tu l'as pas !
3. Qu'est-ce qu'une personne en forme, pour toi ?
C'est d'être capable de réaliser n'importe quel effort physique sans nécessairement avoir besoin de se préparer pour. Porter des packs d'eau, sprinter après un bus, porter une personne qui se sent mal, gravir des étages sans galérer. Bref, être prêt pour l'imprévisible. Mais aujourd'hui, je remarque que beaucoup sont soit uniquement tourné vers l'esthétisme, soit dans la performance. Or, faire vitrine ne sert à rien dans la vie de tous les jours, à part pour l'égo. La performance fait qu'on se prépare pour un objectif, mais pas pour l'imprévisible : si on se fait taper son phone dans le métro, on ne va pas dire au voleur : « attends, deux secondes, je m'échauffe les cuisses et je te rattrape ! ». En fait, à l'origine, n'étions pas des gens sédentaires, nous devions subvenir à nos besoins, chasser, construire. Nous nous sommes engourdis et sédentarisés. Il faut donc nous réathlétiser !
4. Combien de fois t'entraines-tu pour entretenir ta forme physique ?
3 fois par jour, 7 jours sur 7. Je compose avec le temps que j'ai. Le matin, je travaille plutôt l'explosivité. En milieu d'aprèm, la force. Le soir, de la gym, des petits challenges pour le fun. J'essaie de conserver mes acquis ou développer des nouvelles compétences. Ça me prend environ 1H30 par jour, toujours au feeling.
5. Quelles sont tes habitudes alimentaires ?
J'ai tout essayé. Paléo, vegan, veggie, jeûne intermittent... J'ai fait des compétitions en « body » donc je pesais les aliments un par un... Maintenant, tout est en fonction de mon ressenti. Très varié, je ne m'interdis rien. On est dans une société du dogme, parfois du « sans » (lactose, gluten, conservateurs...) ou du « pro ». J'aime l'approche du paléo car elle permet de revenir à des aliments non transformés, mais nous ne cueillons ni ne chassons nos mets, lesquels sont 10 fois moins nutritifs qu'il y a 70 ans. J'organise ma semaine grâce au « Meal Prep » à la maison avec ma femme, le week-end. Tout le monde peut le faire. Il suffit de prendre 3 heures, de faire une liste, aller au marché et cuisiner les plats pour la semaine. Comme ça, plus d'excuses pour se commander une pizza quand on est crevé le soir !
6. C'est quoi les « don't do » d'un adhérent ?
C'est plutôt le côté « m'as-tu vu », par exemple les tenus inappropriées pour l'effort. Pour moi, le sport, c'est l'un des rares moments où l'on est tous égaux : quel que soit ton niveau d'études, tes origines, ton statut social... Réussir à porter la charge, ramer vite et fort, enchaîner les tractions, ça remet les choses en place. Sinon, les mecs qui ne tournent jamais sur les machines, qui les « réservent » avec leurs serviettes, ou qui ne rangent pas les poids. Bref, un manque de respect !
7. Selon toi, quelle mauvaise habitude sportive constates-tu le plus souvent ?
Le « no pain no gain ». C'est efficace, mais ça fait beaucoup de mal. Certains élèves arrivent avec beaucoup de motivation, 5 séances par semaine, sans récupérer. Ils progressent, obtiennent quelques résultats, atteignent des paliers, puis se démotivent. Moi, je préfère le « no brain, no gain ». Il faut d'abord construire les fondations, puis ensuite décorer. Construire un corps est un marathon, pas un sprint. Il faut travailler le geste technique, la qualité d'exécution, et travailler encore et encore les répétitions. Mes fondations m'ont pris 10 ans !
8. Quels sont les atouts d'une salle de sport ? Comment éviter la routine ?
Contrairement aux idées reçues, il n'est pas nécessaire de savoir faire un grand nombre de mouvements, mais plutôt de savoir moduler les combinaisons. Il faut savoir que plus tu es efficient dans un mouvement, plus tu es efficace et plus tu auras un retour bénéfique. Il y a des choses simples et bonnes, comme un bon squat, une pompe bien appliquée, qui « rapportent » beaucoup. C'est ce que j'apprends à mes élèves, une fois que les fondations sont là : varier le nombre de répétitions, la charge, la récupération pour pouvoir surprendre l'organisme en toute sécurité.
9. Quel mantra/ pensée positive te fait avancer dans la vie ?
Unleash your Potential. Il faut « Déchaîner votre potentiel ». Je suis convaincu que chaque personne est un prodige, capable de se dépasser au quotidien. Bien sûr, nous n'avons pas tous les mêmes cartes en main. Avec certaines personnes un travail sur le mental est nécessaire, voire indispensable. Mais peu importe les obstacles à surmonter, les collines à gravir, les mers à traverser, tu peux devenir meilleur que tu ne l'étais hier. Ce que fait le voisin importe peu. L'important est de prendre tes capacités telles qu'elles sont et de les amener le plus haut possible.
10. Quand tu n'as pas envie d'aller au sport, tu fais quoi ?
J'ai une philosophie de vie un peu particulière. J'ai choisi de voyager 3 à 4 fois par an. Loin. Loin du coaching et des abdos. Ça me permet de rester ouvert au monde, aux autres, à tout ce que le monde porte, le beau comme le médiocre. Ça ne m'arrive pas, de ne pas avoir envie. Ces voyages me permettent de réaliser la chance que j'ai de faire un métier que j'aime. Pour moi, la vie est un "jeu" grandeur nature. Je m'entraine si j'en ai envie. Le but n'est pas de se forcer tout le temps. Il faut trouver du plaisir, même s'il faudra passer par des exercices difficiles pour obtenir des résultats.
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- Charles Brumauld