Nous accordons trop souvent une place minime au mental dans notre pratique sportive. Par instinct et habitude, on se concentre essentiellement sur les entrainements physiques purs et durs. Pour nous éclairer sur la préparation mentale et ses bienfaits nous avons rencontré, Stéphane Brogniart, ultra-traileur, spécialisé dans le domaine de la psychologie du sport.
Et si on essayait de s'entrainer différemment ? Moins de transpi' et plus de jus de cerveau ! C'est l'idée de cet article qui consiste à nous ouvrir les yeux sur la préparation mentale. Chacun d'entre nous à ses habitudes sportives et chacun pratique sa discipline avec ses propres objectifs. Mais nous sommes tous confrontés un jour ou l'autre à nos propres limites. Qu'il s'agisse d'un manque de motivation pour aller courir en sortant du travail ou d'un mauvais résultat à l'issu d'une compétition, nous avons la possibilité d'y remédier en changeant notre façon de voir les choses : faire du sport de façon plus positive. C'est en tout ce que j'ai retenu suite à mon entretien avec Stéphane Brogniart. Selon lui, le secret pour optimiser au maximum son potentiel est d'apprendre à faire du sport pour être heureux. Une philosophie qui a été une véritable révélation pour ce sportif hors pair. Stéphane Brogniart est un ultra-traileur qui s'est déjà classé dans le top 10 de l'UTMB (Ultra Trail du Mont Blanc – 168km), une référence dans le milieu du trail, mais qui n'a pas vraiment d'importance pour lui puisqu'il a appris à se détacher de cette notion de performance. En 2009 c'est la révélation pour ce sportif qui va changer sa pratique en s'entrainant moins, mais mieux. Difficile à croire et pourtant...
La révélation
La préparation mentale est devenue une véritable passion pour Stéphane qui cherche aujourd'hui à partager ce qu'il a compris. « Petit, on m'a appris à faire du sport comme tout le monde en intégrant la notion de performance dans ma pratique. J'ai donc cru pendant longtemps que la seule façon d'être heureux en faisant du sport était de faire des résultats, explique celui qui est un ancien triathlète ». N'atteignant pas son but, il choisit de faire un break pour mieux revenir, enfin c'est ce qu'il pensait. « J'ai repris le sport avec le trail et je suis retombée dans les mêmes travers ». C'est en 2009 que Stéphane a une prise de conscience : « quand une personne trouve toutes les bonnes excuses pour justifier qu'il ne soit pas monté sur un podium c'est qu'il n'est pas heureux dans sa pratique. Une fois que j'ai compris ça, je me suis renseigné sur d'autres méthodes d'entrainements : la méditation par exemple ». L'ultra-trailer s'est servi de sa propre expérience pour se former de façon autodidacte dans un premier temps. Il a lu beaucoup d'ouvrages relatant de la préparation mentale sous différentes formes dont Le Guerrier Pacifique de Dan Millman. Aujourd'hui, il est en train d'achever une formation de préparateur mental et commence à suivre plusieurs sportifs dans leur pratique. « J'ai trouvé des techniques qui ramenaient mon esprit à ce que je faisais : courir. Je n'avais plus de pensées parasites. J'ai alors constaté que c'était plus facile et que je devenais meilleur, voire plus heureux ». Impossible pour lui de ne pas avouer que cela fonctionné.
Les autres
Il y a des personnes qui ne restent qu'à 70% de leur potentiel sportif toute leur vie. « S'ils s'ouvraient à la préparation mentale, ils pourraient atteindre 95% de leur capacité, en s'entrainant moins peut être... confie-t-il». La question du mental mérite d'être posée, mais le plus compliqué était de réussir à expliquer ce phénomène aux autres, avoue Stéphane. Sa formation lui a permis d'apprendre à transposer ce qu'il savait aux autres et de façon large. La préparation mentale peut s'utiliser dans d'autres domaines que le sport. « Un chef d'entreprise, une jeune qui passe le bac, un cuisinier... tout le monde peut apprendre à canaliser son énergie pour devenir plus efficace ». Avec un sportif c'est juste plus facilement quantifiable car il y a la notion de résultat. « L'idée est d'avoir le corps et l'esprit au même endroit pour être au plus proche de son potentiel ». Le sportif nous donne un exemple qui nous parlera à tous : « en boite de nuit, la parade de l'instant présent c'est la musique forte qui te permet de danser et de ne penser à rien d'autre. Sauf pour la fille assise seule sur la banquette qui fait la gueule. Si tu lui demandes comment elle va, elle te dira que rien ne va car elle ressasse ses problèmes. Donc finalement ce n'est pas parce que tu penses à plein de choses ou que tu fais plein de choses à la fois que tu es heureux. Ceux qui s'éclatent sur la piste de danse nage dans le bonheur ». En conclusion, mieux vaut se focaliser sur une seule chose, la faire bien pour passer ensuite à la suivante. C'est peut être ça la clef du bonheur en général, mais encore faut-il y parvenir en travaillant son mental.
Contact
Site
- Gianina Plesca.