Méditer, ça s’apprend ! Ni bonze ni moine, j’ai poussé les portes du premier bar à méditation de Paris, devenu récemment partenaire de MaSalledeSport, pour une séance d’essai. Je vous emmène ?
Quartier Opéra, Paris, fin de journée. Il fait beau, il fait chaud. Et je claudique, puisque je me suis pris une belle gamelle en trail la veille. En week-end dans le Morvan, j’ai découvert la Communauté de communes des Sommets et Grands lacs, un territoire préservé, peu connu, mais absolument magnifique pour tous les amoureux de la nature. Sauf que… j’ai chuté dans le dernier kilomètre pour m’étaler comme il se doit, une semaine avant le Triathlon de Paris. Une séance de méditation guidée, pas trop sportive à priori, ne pouvait donc me faire du mal. Je pousse la porte du bar, qui est en fait une boutique, un studio de méditation sur trois niveaux, avec de l’eau et du thé en guise de « cocktails ».
Christine Barois, m’accueille, la tête dans ses programmes de la séance de 20H00. « Je suis une psychiatre défroquée », me dit-elle (ça commence bien !). Formée par Christophe André et Jon Kabat-Zinn (pour ne citer qu’eux), elle s’est entourée d’une équipe de pros pour fonder le bar à méditation début 2017 et transmettre les bienfaits de la méditation au plus grand nombre. Fort bien. Je me déchausse et place mes affaires (portable inclus) dans le vestiaire prévu à cet effet. Nous montons à l’étage, moi, ma patte folle et l’autre monsieur, puisque ce sera en petit comité ce soir. Je file à l’essentiel, mais pour celles et ceux qui veulent en savoir plus sur la méditation, je vous renvoie à ce post complet de ma conseur Sophie Vilmont sur le sujet.
Retour à soi
« Quelle est votre expérience de la méditation ? Pourquoi voulez-vous apprendre à méditer ? ». Question simple et directe de Christine. Pour ma part, j’ai quelques expériences méditatives, sans pratiquer chaque jour ni chaque semaine. J’essaie d’apprendre à méditer pour me centrer sur mes sensations, mes émotions, et surtout, pour éviter que le mental ne devienne maître de ma vie. A chaque fois que je dois prendre des décisions, je suis tiraillé entre le raisonnement mental et l’intuition, l’instinct, les sensations. Bien souvent, je me rends que j’aurais dû être plus à l’écoute de mes émotions, ce qui peut s’analyser, en fin de compte, en une forme de raison. Assis, les yeux fermés, les pieds à plat, mains sur les cuisses, la séance peut débuter.
Scan du corps
Chacun a trouvé sa position confortable, les épaules relâchées, on passe en observation les doigts de pieds, la plante, les tibias, les genoux, les cuisses… Il y a des moments où je ne ressens rien. « L’absence de sensation est aussi une information, nous y reviendrons… ». Bon, je ne me formalise pas plus que ça. Par intermittence, une sensation de brûlure revient, sans doute les insertions sur ma cheville, mise à rude épreuve tout le week-end. Chaque partie du corps y passe. A chaque fois, Christine donne des pistes, des « tips » pour guider cette méditation. J’ai des pensées qui me traversent l’esprit : dois-je répondre à cette coach qui m’écrit trois messages pour me dire qu’elle n’a pas son portrait dans tel magazine et que c’est « effarant » ? Ai-je bien fermé ma porte en partant ? Je boîte encore aujourd’hui, comment finir le triathlon de Paris dimanche prochain ? » Les pensées parasitent ma séance, telles des comètes crépitantes. Le refrain des Microsillons, la chanson d’Alain Chamfort me trotte dans la tête : « Les chanteras-tu toutes les chansons, lorsque la vie m'aura coupé le son ». Ça me gonfle. Mais je zappe pour revenir ici et maintenant.
Inspirations/expirations
On arrive au cœur de la séance : la respiration, puisque c’était la thématique du soir. Au passage, il en existe d’autres : les fondamentaux, les émotions, ou les programmes MBCT pour la prévention des rechutes dépressives ou MBEAT pour la réduction du stress alimentaire par la pleine conscience. Ça, je connais. Et j’ai aimé. Observer et accueillir ce courant d’air frais qui entre dans les narines, et le courant tiède qui en sort. Très apaisant. « Qu’est-ce que vous ressentez, concernant ce souffle d’air ? » demande Christine. Je réponds. Elle : « je n’attendais pas de réponse, c’était pour stimuler votre curiosité », poursuit-elle, imperturbable, les yeux fermés. Petite bourde de Charly, et d’une ! Je me fais tout petit, même si son ton était nettement plus bienveillant qu’un président de la République en exercice rabrouant un gamin lui ayant donné du « Manu ».
Observateur de ses pensées
Je compte les inspis/expis, ce qui me procure un certain relâchement. Tellement relâché qu’il m’arrive de piquer du nez. La fatigue, sans doute. Ce n’est rien, j’accueille la sensation : « je suis fatigué, j’ai fait beaucoup de sport, de route, j’ai peu dormi. Ce soir, c’est dodo ».
Christine nous demande ensuite de se replonger dans une émotion, agréable ou désagréable, sans nécessairement revisiter un trauma, pour laisser émerger ce qui se passe en nous. Je repense donc à un événement triste assez récent. Quelque chose d’indescriptible grimpe dans le sternum, me « tord le cœur » (c’est comme ça que je l’ai ressenti !) et mes yeux se gorgent de larmes. Pas de panique ! Il s’agissait juste d’être l’observateur de mes pensées, de mes émotions et d’être bien ancré sur son ressenti. Hum, mission accomplie, même si ce ne fut pas très agréable. Le temps passe vite, je n’ai toujours pas ouvert les yeux. La séance s’achève par quelques étirements, et surtout, un debrief utile sur nos sensations…
Verdict ?
Séance productive et prometteuse, même s’il est compliqué de me faire une opinion en une seule fois. Néanmoins, en seulement trente minutes, j’ai pu « accueillir ce qui est et ce qui vient », selon la formule. En tous cas, la méditation, c’est comme le yoga ou le fitness. Avec un coach, on se sent nettement plus accompagné qu’avec une appli, même si certaines d’entres elles sont très bien faites. Cette séance confirme mon envie de pratiquer régulièrement, étant donné la société de fous dans laquelle on vit. Aujourd’hui, rares sont celles et ceux qui arrivent à lire des livres ou un journal d’une traite, tellement l’attention est déviée par les notifications incessantes et cette fameuse peur de rater quelque chose (the FOMO, the Fear of missing out, bien résumée dans cet article du Huffingtonpost Canadien). Au final, comme dit Christine, « on se prive des nutriments du moment présent » (des discussions entre amis, jouer avec nos enfants, marcher seul dans la rue tranquillement, se laisser bercer les cheveux par le vent, sentir la chaleur du soleil sur la peau…) pour essayer de vivre tout, sauf le moment présent. A méditer ?
Horaires : du lundi, mercredi et vendredi de 12h00 à 19h00 et mardi et jeudi de 08h00 à 19h00
Téléphone : 01 47 42 00 00
Adresse : 5 rue Gaillon - 75002 Paris - France
Métros : Pyramides (ligne 7 et 14), Opéra (ligne 3, 7 et 8), Quatre septembre (ligne 3)
Bus : 21, 27, 68, 81, 95, 72
RER : Station Auber RER A (et marcher 10 minutes !)
Par Charles Brumauld