Mon coach sportif est-il bon ? Le bon ? Sait-il remettre en question son protocole pour mieux s’adapter à mes besoins et mes objectifs ? Pour le savoir, les bons conseils de notre coach du mois chez MaSalledeSport, Emma Delahaye*.
1. A quoi sert un coach ?
A vous accompagner, à s’adapter à vos besoins. Ce n’est pas quelqu’un qui vous « balance » un programme tout fait ! Au contraire, il est capable de modifier ce programme s’il ne donne pas les résultats escomptés en puisant dans sa boîte à outils. De plus, le coach sportif est capable de vous faire sortir de la zone de confort en préservant votre sécurité. Aussi, si vous avez mal quelque part, le coach sera capable de faire la différence entre une douleur liée à l’exercice physique ou si elle relève d’une pathologie…et il vous proposera une alternative.
2. Qu’est ce qu’on « bon coach » pour toi ?
Quelqu’un qui s’adapte. Je me répèté, mais c’est le plus important. Il doit pouvoir modifier son training en fonction de la personne qu’il a en face de lui, de son vécu, de la pratique sportive, de ses habitudes, de son quotidien. C’est un peu un caméléon de la forme. Et cela ne s’improvise pas, c’est une vraie compétence que l’on apprend en formation.
3. Justement, doit-il être diplômé ? Quelles sont les formations dites « sérieuses » ?
Aujourd’hui, trop de personnes pensent qu’il faut un diplôme, pas une formation. Par exemple, la CQP (Certificat de Qualification Professionnelle) est un diplôme qui permet de coacher en cours collectifs. C’est en fait le premier niveau des métiers du sport qui permet de d’encadrer quelques heures par semaine contre rémunération. Mais il n’est pas rare que certaines de ces personnes s’habituent à coacher à plein temps sans avoir toutes les compétences. Sinon, on a le droit de questionner son coach sur l’obtention de sa carte professionnelle, sur son parcours, surtout pour les coachs à domicile. Enfin, la tendance des réseaux sociaux incite à la prudence. Beaucoup de sportifs très pratiquants, mais non certifiés, développent leur propre programme, qui marche pour eux et/ou pour des gens jeunes, sportifs, en bonne santé. Les gens cliquent car ils sont attirés par l’effet avant/après, photos à l’appui mais déchantent bien souvent car leurs résultats ne collent pas à l’image qu’ils escomptaient.
4. Quelles sont les qualités humaines d’un (bon) coach ?
L’empathie, la capacité à se mettre à la place de l’autre. Moi, j’aime le sport, j’adore le sport, je pourrais en faire tout le temps. Or, la plupart de mes élèves à domicile n’aiment pas cela. Mon travail est alors de leur amener progressivement les choses pour qu’ils soient bien et en situation de réussite, même si parfois leurs exercices sont extrêmement simples. C’est une donnée qu’il faut intégrer, au lieu d’ « envoyer du lourd » pour s’assurer de résultats rapides. Ensuite, l’écoute, la patience, et surtout la constance. Les élèves auront leurs humeurs, leurs doutes, leur coup de fatigue, et donc, pas forcément la pêche à tous les cours. Le coach, lui, doit être toujours égal à lui-même. On doit pouvoir compter sur lui et son humeur égale du 1er janvier au 31 décembre. Enfin, le sens du service : le coach doit toujours trouver une solution pour son élève. Il est là pour lui !
5. Chaque coach a son style, ses marottes, sa personnalité. Est-il important qu’il soit un leader « physique », pour l’élève ?
Si le coach est « jeune, grand, fort », pourquoi pas ? Plus sérieusement, ce n’est pas un concours de Mister Univers ! Il doit par contre à l’image de la bonne santé (#nepasfumer) et d’être crédible lorsqu’il démontre un exercice, donc, s’entrainer un minimum… C’est un peu comme un coiffeur, s’il a une coupe atroce, est-ce que l’on aura envie de se faire coiffer par lui ? Le coach doit donc avoir envie et donner envie de se bouger. Mais plus il avance, moins il a besoin de prouver son côté « physique ». L’expérience, la richesse de l’écoute et des solutions variées compensent largement. Enfin, en principe !
6. Faut-il qu’il soit connecté 2.0 et up to date sur les applis de tracking ?
Le cœur du métier, c’est l’humain. Bien sûr qu’il existe de bons outils (Upulse, Myzone, notamment), utiles et qu’il faut connaître car les gens les utilisent. Mais ce qui reste fondamental est le savoir-faire du coach et ses connaissances pour être adaptable. Les outils sont complémentaires à la prise en charge et ne sont pas une fin en soi.
7. Doit-il effectuer les répétitions en même temps que l’élève ?
En principe, le travail du coach, c’est de faire faire. Pas de faire avec, sinon, il ne peut corriger la posture. Mais il peut aider son élève en effectuant quelques « reps » si la personne est très visuelle ou connaît des problèmes de coordination. Il y a certaines activités dans lesquelles le coach est obligé de donner de sa personne : une séance de running ou d’outdoor bien tonique…
8. Le top 3 des pires attitudes pour un coach ?
Ne pas être dans sa séance, sur son smartphone ou en train de discuter avec la blonde à forte poitrine ! Bref, ne pas être avec son élève.
Pointer les gens façon « t’écoute pas ce que j’te dis ». Alors que les personnes ont besoin de temps pour intégrer ce qu’on leur donne.
Se prendre trop au sérieux : on ne fait QUE DU SPORT ! Ceci n’est pas une opération chirurgicale d’un enfant à cœur ouvert. Il ne faut pas oublier que beaucoup travaillent 8 heures par jour et prennent de leur temps de loisir pour se bouger avec nous. Donc, ils ne vont pas payer pour être infantilisés. Il faut qu’ils prennent du plaisir !
9. Peut-on et doit-on se coacher pour soi-même ?
Les coachs le font souvent, avec le danger du « même pas mal » : je fais tant de répétitions, j’ai mal, mais je continue car je suis une machine. Personne n’est là pour leur rappeler la limite. Et parfois, en tant que coach, c’est important d’être soutenu et aidé, mais également de sortir de sa zone de confort professionnelle en allant s’inspirer positivement de ce que font les autres.
Par ailleurs, les élèves qui commencent à programmer tout seul leur propre entrainement se comptent sur les doigts de la main. Et en général, ce sont des passionnés qui finissent pas passer leur diplôme de coach !
* et coordinatrice pédagogique du diplôme DEUST des « métiers de la forme » à l’UPEC, université de Créteil Paris 12, co fondatrice e formatrice du centre de formation continue Set Studio, et formatrice à l’IMF (Institut des Métiers de la Forme). Consultante qualité pour les clubs de remise en forme, et coach.
Charles Brumauld